La nouvelle constitution gabonaise reconnaît l’importance du Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel (CESEC), mais elle reste floue et incomplète quant à la participation de groupes représentatifs de la société civile, en particulier des jeunes, dans cet organe essentiel. Bien que ce Conseil soit conçu pour conseiller le gouvernement sur des sujets variés et représenter les intérêts sociaux, environnementaux, économiques et culturels du pays, les articles relatifs à sa composition et à son organisation (notamment l’article 154) omettent des dispositions concrètes pour inclure toutes les voix de la société gabonaise. Cela soulève des préoccupations quant à la représentativité et l’efficacité de cet organe consultatif.
1. Absence de Clauses de Représentation Spécifiques pour la Jeunesse et la Société Civile (Article 154)
L’article 154 prévoit que la composition, l’organisation interne et les règles de fonctionnement du CESEC soient fixées par une loi organique, sans détails explicites sur la nécessité d’une représentation inclusive et équilibrée. L’absence d’indications claires pour intégrer les jeunes, les organisations de la société civile, et des acteurs de divers horizons réduit la diversité des perspectives au sein du Conseil, ce qui risque d’entraver l’équité des décisions.
À l’heure où la jeunesse gabonaise représente une grande partie de la population et où la société civile joue un rôle majeur pour le progrès social, il est crucial que ces groupes soient représentés de manière institutionnelle pour apporter des propositions novatrices et adaptées aux réalités de tous les Gabonais.
2. Risque d’une Composition Déséquilibrée Favorisant des Intérêts Particuliers
En laissant à une loi organique le soin de déterminer la structure du CESEC, la constitution crée le risque d’une sur-représentation de certains groupes, notamment des acteurs proches du pouvoir exécutif ou des secteurs économiques influents. Cette configuration pourrait restreindre la diversité d’opinions nécessaires pour une analyse complète des enjeux sociaux, économiques et environnementaux auxquels le Gabon est confronté.
Sans cadre constitutionnel garantissant une représentativité équilibrée, il est possible que le Conseil devienne un organe dominé par des intérêts particuliers, ce qui diminuerait son utilité comme voix plurielle et objective pour conseiller le gouvernement.
3. Manque de Garanties pour l’Intégration des Intérêts Environnementaux et Culturels
Les articles de la constitution relatifs au CESEC n’insistent pas suffisamment sur l’inclusion des experts en environnement et culture, deux secteurs pourtant essentiels pour le développement durable et l’identité gabonaise. À l’ère des défis climatiques et de la globalisation, il est indispensable de donner une place aux spécialistes et aux représentants d’organisations environnementales et culturelles.
En l’absence de garanties constitutionnelles, le Conseil pourrait négliger des voix cruciales, notamment celles qui défendent la protection des ressources naturelles, la préservation de l’écosystème et le rayonnement culturel gabonais. Cette omission affaiblit l’engagement du Gabon envers un développement respectueux de son patrimoine et de son environnement.
4. Faiblesse de l’Implication de la Jeunesse dans les Décisions Stratégiques
Les jeunes, qui représentent une majorité de la population gabonaise, sont particulièrement touchés par les décisions économiques et sociales du pays. Cependant, la constitution n’offre pas de dispositions garantissant leur implication dans les débats du CESEC. Une telle absence risque de créer une déconnexion entre les priorités de la jeunesse et les décisions stratégiques, freinant les progrès dans les domaines de l’éducation, de l’emploi et de l’entrepreneuriat des jeunes.
Cette lacune pourrait décourager la participation des jeunes à la vie politique et économique du pays, ce qui renforcerait l’écart entre les institutions et les aspirations de la future génération de Gabonais.
Un CESEC sous contrôle du président de la république
La nouvelle constitution gabonaise, en restant évasive sur la composition et le fonctionnement du CESEC, rate l’occasion d’encourager une participation plus représentative de toutes les composantes de la société. Le manque de dispositions pour inclure la société civile, les jeunes et les défenseurs de l’environnement limite la capacité du Conseil à être un véritable reflet de la diversité gabonaise. En intégrant des clauses spécifiques pour assurer une représentation inclusive, la constitution pourrait renforcer l’impact du CESEC comme instance consultative, capable de guider le gouvernement dans des décisions équitables, durables et adaptées aux besoins de tous.