Dans les allées animées des magasins, les supérettes de quartier et les stations-service éclairées 24 heures sur 24, une réalité souvent méconnue se joue. Derrière les étagères bien rangées et les sourires fatigués des employés, se cachent des défis majeurs qui fragilisent ces piliers de nos économie locales.
Le commerce, sous ses multiples facettes, traverse des tempêtes silencieuses : conditions de travail précaires, inflation galopante, concurrence étrangère déloyale et absence de protection sociale pour ses travailleurs. Ces enjeux, bien qu’évidents, restent trop souvent ignorés.
Des conditions de travail éprouvantes
1. L’exploitation des employés
Les commerces, qu’il s’agisse de supérettes, de stations-service ou de magasins de grande distribution, s’appuient sur une main-d’œuvre mal rémunérée. Beaucoup d’employés, souvent jeunes ou non diplômés, travaillent pour des salaires inférieurs au revenu minimum légal de 150 000 FCFA par mois.
Les horaires dépassent souvent les 60 heures hebdomadaires, avec des rotations épuisantes. Dans les stations-service, par exemple, les pompistes travaillent parfois de nuit sans protection adéquate contre les risques sécuritaires, tout en subissant une pression constante pour maximiser les ventes.
Des défis économiques croissants
1. La flambée des coûts d’exploitation
La hausse constante des prix des marchandises et des charges (électricité, transport, taxes) met en péril la rentabilité de nombreux commerces. Les petites supérettes de quartier peinent à rivaliser avec les grandes surfaces, souvent détenues par des groupes étrangers bénéficiant de larges marges d’importation.
2. La concurrence étrangère
Les commerces locaux doivent faire face à une concurrence féroce, notamment des magasins détenus par des étrangers. Ces derniers, parfois mieux organisés ou bénéficiant de réseaux d’approvisionnement avantageux, proposent des prix défiant toute concurrence. Cela étouffe les initiatives locales et contribue à la disparition progressive des petits commerçants gabonais.
3. L’absence de régulation stricte
Les pratiques commerciales déloyales restent fréquentes. Certaines entreprises contournent les lois, imposant des prix abusifs ou négligeant leurs obligations envers leurs employés. Ces failles légales laissent les travailleurs et les consommateurs sans protection face à ces abus.
Un impact humain alarmant
Derrière chaque commerce se trouve une armée d’employés invisibles : les caissiers qui passent des heures debout, les manutentionnaires qui portent des charges lourdes sans équipement adéquat, les pompistes exposés aux vapeurs toxiques et les gérants stressés par des objectifs de vente irréalistes.
Ces travailleurs, essentiels au fonctionnement quotidien de notre société, ne bénéficient souvent ni de contrats en bonne et due forme, ni de couverture sociale. Ils vivent dans une précarité chronique, incapables de planifier un avenir stable pour leurs familles.
Les solutions pour un secteur plus équitable
1. Encadrer les conditions de travail
L’État doit imposer un contrôle rigoureux des conditions de travail dans le commerce. Les inspections fréquentes et les sanctions sévères pour les employeurs contrevenants peuvent dissuader les abus.
2. Favoriser l’entrepreneuriat local
Des incitations fiscales et un meilleur accès au financement pourraient encourager les Gabonais à investir dans le commerce de proximité. Ces mesures renforceraient la compétitivité des acteurs locaux face aux groupes étrangers.
3. Instaurer des régulations sur les prix
Un contrôle des marges commerciales permettrait de protéger les consommateurs des abus tout en maintenant la rentabilité des commerces locaux.
4. Promouvoir la formation professionnelle
Les employés du commerce pourraient bénéficier de formations pour améliorer leurs compétences, augmenter leur employabilité et revendiquer des postes mieux rémunérés.
Un enjeu pour tous
Le commerce, dans sa diversité, est le poumon économique du Gabon. Mais sans une attention accrue aux défis auxquels il fait face, ce secteur risque de s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions.
Employeurs, travailleurs et État doivent unir leurs forces pour créer un écosystème commercial durable, où les droits des employés sont respectés, les consommateurs protégés, et les commerces locaux valorisés. Parce que derrière chaque litre de carburant vendu, chaque produit rangé sur une étagère, il y a des vies, des espoirs, et une dignité qui méritent notre attention et notre respect.