Au Gabon, dans les ruelles illuminées par les néons des snacks, des magasins et des boîtes de nuit, une réalité sombre persiste : des travailleurs réduits au silence, brisés par l’injustice et l’indifférence. Derrière chaque sourire qui accueille un client, se cache souvent une douleur silencieuse, un cri étouffé, une dignité bafouée.
Ils sont serveurs, nounous, réceptionnistes, vendeurs ou employés de stations-service. Ils travaillent dur, très dur. Parfois 60, 70, voire 80 heures par semaine. Pourtant, à la fin du mois, leur paie est si maigre qu’elle ne suffit même pas à nourrir leur famille. Ils touchent souvent moins que le salaire minimum légal de 150 000 francs CFA. Et dans cette course effrénée pour survivre, ils n’ont ni sécurité sociale, ni assurance maladie, ni repos garanti.
Des vies brisées par le mépris
À 23 ans, Sarah, une serveuse, enchaîne des journées de 14 heures. Elle gagne 80 000 francs CFA par mois. « Je me bats pour nourrir mes deux enfants. Certains jours, je ne mange pas pour qu’ils aient quelque chose dans leur assiette. » Sa voix tremble. Ses mains, abîmées par le travail, racontent l’histoire d’un sacrifice silencieux.
Ahmed, un agent de sécurité, travaille dans un hôtel chic de la capitale économique. Il veille jour et nuit, souvent sans pause. Sa paie ? 120 000 francs CFA. Mais il n’a jamais signé de contrat. « S’ils me renvoient demain, je n’aurai rien. Aucune protection. C’est comme si je n’existais pas. »
Des histoires comme celles de Sarah et Ahmed sont légion. Ces travailleurs vivent une injustice criante. Ils sont exploités, maltraités, ignorés. Pourtant, leur labeur est le moteur de ces entreprises.
Quand l’absence de loi fait des victimes
Le Gabon a fixé des normes claires : un salaire minimum, des horaires raisonnables, une inscription obligatoire à la CNAMGS et à la CNSS. Mais dans les faits, ces lois sont souvent ignorées. Pourquoi ? Parce que certains employeurs profitent de la précarité. Parce que le chômage pousse les plus vulnérables à accepter n’importe quel traitement.
Ces abus ne sont pas seulement des infractions légales, ils sont des crimes moraux. Ils privent des hommes et des femmes de leur dignité. Ils détruisent des vies.
L’appel à la conscience collective
Chaque entreprise prospère grâce à ses employés. Ce sont eux qui accueillent, servent, nettoient, sécurisent, produisent. Bien traiter un employé n’est pas une option : c’est un devoir.
- Respecter les horaires : Les travailleurs ne sont pas des machines.
- Payer un salaire juste : Chaque effort mérite une récompense équitable.
- Garantir la sécurité sociale : Aucun employé ne devrait avoir à choisir entre soigner une maladie ou acheter de la nourriture.
Un devoir pour l’État et la société
Il est urgent que les autorités agissent :
- En renforçant les contrôles dans les entreprises.
- En sanctionnant sévèrement les employeurs abusifs.
- En protégeant les travailleurs qui osent dénoncer les injustices.
Mais au-delà des lois, c’est toute la société qui doit changer. Chacun de nous doit se poser cette question : que vaut une réussite bâtie sur la souffrance des autres ?
Une flamme d’espoir
À Port-Gentil, une petite boulangerie a décidé de montrer l’exemple. Elle offre à ses employés des salaires décents, des horaires humains, et des avantages sociaux. Le résultat ? Un personnel motivé, des clients satisfaits, et une entreprise florissante.
C’est possible. C’est faisable. Mais cela demande du courage.
Sarah, Ahmed, et tant d’autres, méritent mieux. Ils méritent de travailler dans la dignité. Ils méritent d’être traités avec respect. Parce que derrière chaque uniforme se trouve une vie. Une vie précieuse. Une vie qui mérite notre compassion.
Changer cette réalité est entre nos mains. L’heure est venue de dire non à l’injustice, et oui à l’humanité. Parce qu’au fond, le véritable succès d’une nation se mesure à la manière dont elle traite ses plus vulnérables.
Cet article est dédié à tous les travailleurs invisibles qui, malgré tout, continuent de rêver.